mardi 28 septembre 2010

Mutation des professsions de SCI: quel est l'impact sur la fonction des techniciens et techniciennes en documentation ?

Au cours de la dernière décennie, dans les bibliothèques et les centres de documentation de partout dans le monde, on assiste à une mutation d'une ampleur sans précédent de la fonction de ceux et celles qui exercent les métiers du livre et de la documentation. Avec la formidable ubiquité de l'Internet, aider les usagers à explorer, à utiliser les ressources et à partager le savoir dans ce nouveau contexte est devenu un défi majeur. Dans ce nouveau paysage où les besoins inédits apparaissent chaque jour, pour pouvoir désormais accompagner efficacement les usagers, la polyvalence et l'autonomie professionnelle sont désormais indispensables pour appréhender le monde poreux et changeant des sciences de l'information.

Cette nécessité de revoir leur rôle dans la chaine d'acquisition, de conservation et de diffusion du savoir a incité deux techniciens de l'Université de Montréal à soumettre à leur collègues un sondage « dont l’objectif est de définir les enjeux actuels pour la profession de technicien(ne) en documentation ». Initiée par Majolaine Poirier et André Bilodeau, cette enquête devrait donner un portrait plus à jour et plus précis du nouveau rôle des techniciens et techniciennes en documentation. Commencé le 27 septembre 2010, le sondage s'adresse à « tous les diplômé(e)s du programme en techniques de la documentation du Québec (peu importe la langue) ou dans des milieux francophones au Canada ».

Cette initiative est une des premières du genre, au Québec du moins. Les résultats, comme l'indiquent les responsables du projet, seront communiqués lors d’une conférence donnée le 5 novembre prochain au Congrès des milieux documentaires. La cueillette des données se termine le 19 octobre 2010.

Le sondage, disponible sur le site mis sur pied à cet effet a déjà recueilli un nombre appréciable de réponses. N'hésitez pas d'apporter la vôtre! La contribution de tous à cet exercice est très importante pour la redéfinition de cette fonction! Pour ceux qui aimeraient en savoir davantage sur le projet, je vous invite à consulter le blogue de l'équipe.

Personnellement, je suis convaincue que toutes les catégories de personnel tireront profit des résultats de cet exercice qui contribuera à faire avancer la problématique de la redéfinition des rôles et du partage des tâches de chacun et de tous qu'ils soient cadres, professionnels, techniciens et autres employés des bibliothèques et des centres de documentation au Québec.

mercredi 21 avril 2010

Un blogue et un sondage qui posent les bonnes questions

Les métiers de la documentation ont subi au cours des 20 dernières années un bouleversement d'une rare intensité qui touche les sphères professionnelles, personnelles, sociales et culturelles. Les répercussions des changements technologiques et la pénétration du numérique ont transformé la profession de nos collègues techniciens et techniciennes en documentation de la même manière qu'elles ont bouleversé de fonds en comble les modes de travail et de fonctionnement dans les attributions de tâches des bibliothécaires dans les organismes et les institutions voués au traitement, à la diffusion et à la conservation des ressources informationnelles.

Réfléchir sur la fonction transformée de technicien et technicienne en documentation

De cette nouvelle réalité émergent des usages inédits. Dans la chaîne documentaire où techniciens et techniciennes jouent un rôle de première importance dans l'organisation du savoir, ses acteurs sont obligés à composer avec des pratiques exigeant un niveau d'intervention plus complexe, des connaissances plus pointues et plus diversifiées.

Dans ce contexte changeant et multiforme, des technicien(ne)s en documentation de l'UdeM, ont pris l'initiative. Conscients de la nécessité de redéfinir leur fonction, ils invitent tous leurs collègues à répondre à ce sondage « dont l’objectif est de définir les enjeux actuels de la profession ».

Un sondage pour l'avenir

Toujours à l'avant-garde, afin de pouvoir rejoindre tous leurs collègues, francophones et anglophones du Québec, un blogue a été mis sur pied par nos collègues afin de « permettre aux technicien(ne)s en documentation, ainsi qu’aux autres professionnels du milieu, de suivre l’évolution du projet, de réagir aux différentes étapes du processus et de participer à l’élaboration du résultat final ».

Le sondage sera déposé sur le blogue. Dans un premier temps les gens sont invités à participer à la collecte d’informations, à émettre leurs points de vue, à commenter et contribuer ainsi à la confection du sondage. L’étape du sondage sera le résultat d'un processus créatif et participatif qui aura permis de recueillir les réflexions de tous.

Les résultats de ce projet «indépendant» seront diffusés au Congrès des milieux documentaires à l'automne 2010.

Je ne peux qu'applaudir cette initiative qui profitera certainement aussi à tous les autres métiers de la documentation parmi lesquels on compte les bibliothécaires cadres et professionnels, la réflexion des uns alimentant celle des autres, et il me fait plaisir, par le biais de ce billet d'y participer.

My Loan Duong,
MLS McGill

dimanche 18 avril 2010

Gazoullis et graffitis à l'honneur dans les grandes bibliothèques nationales

La Bibliothèque du Congrès acquiert toutes les archives Twitter

Les réseaux sociaux, twitter, facebook, blogs pour ne citer que ces outils, ont envahi et transformé le paysage de l'information sur la planète. Si certaines personnalités du monde de la communication, ici et là, à l'évidence, composent très mal avec la nouvelle réalité... qui donne un droit de parole (jusqu'ici réservé à l'élite) à n'importe quel citoyen, il semble que les administrateurs et les bibliothécaires de la prestigieuse Library of Congress n'ont pas la même crainte. Le 14 avril dernier, reprenant France Presse, dans la rubrique Technaute, CyberPresse nous apprend que « Tous les 'tweets' (ndlr: littéralement: gazouillis, en l'occurence les messages de 140 mots maximum échangés sur Twitter) ayant jamais été postés publiquement sur Twitter, depuis les débuts de Twitter en mars 2006, seront archivés électroniquement à la Bibliothèque du Congrès».

Sur le blogue de la Bibliothèque, Matt Raymond, un responsable de la bibliothèque, ajoute.«Cela fait BEAUCOUP de tweets, d'ailleurs: Twitter gère plus de 50 millions de tweets par jour, avec un total représentant plusieurs milliards», a précisé Matt Raymond, un responsable de la bibliothèque, sur le blogue. Voilà qui représente beaucoup d'ouvrages en perspective pour les catalogueurs et les spécialistes en traitement des ressources informationnelles.

Des gazouillis qui marquent un tournant historique non seulement en politique mais qui définissent une nouvelle façon de communication sociale et d'interaction humaines

Parce que, selon cet administrateur de la plus grande bibliothèque du monde, ces gazouillis ne viennent pas toujours de «placoteux» comme le pensent avec mépris certains nostalgiques de la machine à écrire et du monopole de la communication. Ces gazouillis peuvent contenir des messages qui marquent l'histoire de l'humanité comme celui de Barack Obama, le premier président noir de la plus grande puissance du monde, annonçant sa candidature à la présidence des États-Unis en 2008 et celui d'un des cofondateur de Twitter, Jack Dorsey.

La BNF: les graffitis de 1968 et les feuilles de choux de la Révolution française

Dans la même optique, pour commémorer les 40 ans de Mai 68, la BNF a présenté à ses visiteurs en 2008 une vaste et très courue exposition des tracts, des affiches, des photographies de slogans et les messages de graffitis récupérés sur les murs, des journaux, des caricatures, des dessins en regard des évènements de mai 68. L'exposition a lieu de juillet 2008 jusqu'en septembre 2008. Conservées grâce aux bons soins et au professionnalisme des bibliothécaires qui ont eu la bonne idée de rassembler ces «instantanés» d'une révolte d'étudiants idéalistes et pacifistes qui s'est répercutée dans la plupart des pays occidentaux et ébranlé bien des gouvernements.

L'opinion publique et les feuilles de choux

Et honneur aussi aux fameuses feuilles de choux (le terme remonte à l'époque de la Révolution française) pour désigner ces journaux populaires, ne comprenant parfois pas plus de deux pages, écrits et imprimés à la hâte, diffusés gratuitement dans les années qui ont précédé la Révolution française. Ces feuillets circulaient dans les rues comme des feuilles de choux et autres détritus qui trainent dans les rues. Quoi de mieux pour comprendre l'esprit et l'humeur d'une époque capitale dans l'histoire de l'humanité que ces fascicules sans prétention littéraire et ces témoignages spontanés dont l'écho, grâce au travail des bibliothécaires, se répercutent jusqu'à nos jour?

* Les journaux publiés par le club des Jacobins en sont un exemple.

lundi 8 mars 2010

Ce mois-ci : Google et les associations de bibliothèques , Linus contre le gouvernement du Québec

Amicus Brief for Google Book Search Settlement

Le juge Chin qui devra donner son avis dans le courant du mois sur l'entente conclue entre Google et les bibliothèques et déterminer si celle-ci est «raisonnable, juste et équitable» aura à fort à faire. Quelque soit l'issue qui sera prise en regard du programme de recherche des livres par Google, il y aura matière à appel à moins que la Cour Suprême accepte de se pencher sur la question et trancher ce noeud gordien. Ce qui, selon l'avis de plusieurs experts dans le domaine des droits d'auteur, est tout à fait improbable.

Sous le titre «March Madness and the Google Books Dispute», le
diagramme
présenté sur les options possibles dans le différend entre l'American Library Association, l'Association of Research Libraries et l'Association of College and Research Libraries regroupées sous le nom de Library Copyright Alliance et Google démontre, arborescence à l'appui, qu'aucune solution ne sera facile. Les répercussions se feront ressentir comme des ondes de choc dans toutes les sphères de la création, de la diffusion et de la distribution des oeuvres littéraires et artistiques. Jonathan Band et Tricia Donavan de l'Association of Research Libraries ne le cachent pas, d'après le diagramme, quelque soit l'issue du procès, les rebondissements semblent indiquer que rien ne sera tranché. La variété des scénarios explorés suite à l'une ou l'autre décision du juge est à l'image de la complexité du problème. Rien à voir avec les conclusions hâtives, démagogiques et simplistes de certaines personnes. Faites-le détour, ça vaut la peine.`

Les auteurs comparent d'ailleurs cet arborescence à celui des matchs de basketball entre les collèges du National Collegiate Athletic Association qui a lieu au mois de marsoù une seule décision touchant le choix d'un joueur peut avoir des répercusions sur toute la ligue et cela pour de longues années à venir. Les impacts de ce jugement seront tout aussi imprévisibles car nul ne peut présumer des effets à venir sur la chaîne de création, de diffusion, de distribution des ressources documentaires. D'autre part, ajoutent les auteurs du diagramme, aucune solution ne peut être envisagée définitivement car le Congrès peut aussi interférer en tout temps et brouiller les cartes en légiférant sur la juridiction qui touche l'un ou l'autre aspect du problème. Ce qui aura pour effet de compliquer davantage les choses et de rendre certaines hypothèses caduques. D'ailleurs, l'alliance ne prévoit pas de décison avant peut-être une ou deux années. En attendant Google qui ne dort jamais au gaz continue son petit bonhomme de chemin. Une entente entre Google et les bibliothèques nationales de Rome et Florence est en cours. Jusqu'à un million de vieux ouvrages libérés de droits d'auteur, conservés dans ces deux bibliothèques seront bientôt numérisés par Google et disponibles en ligne dont des ouvrages du célèbre physicien et astronome Gallilé pour le plus grand bonheur des lecteurs dans le monde pour lesquels ces oeuvres étaient inaccessibles auparavant.

À lire aussi dans Chronicle of Higher Education, l'article 29 janvier 2010, intitulé « Google Book Search Settlement 2.0: the Latest Scorecard » de Jennifer Howard et bien d'autres billets sur cette entente entre Google et les bibliothèques universitaires dont celui de Guy Laflèche, professeur titulaire au département des études françaises à propos de la lettre d'opinion la présidente de la Corporation des bibliothécaires professionnels du Québec dans Corpo Clip et le Devoir en mars 2009 Un procès à suivre


Poursuite de Savoir-faire Linux contre la RRQ pour un contrat sans appel d'offres

Une occasion manquée de 750000$: « La RRQ n'avait jamais l'intention de voir ailleurs ni présenté aucune étude sérieuse démontrant que Microsoft était le seul fournisseur qualifié pour répondre à ce contrat » .Cyrille Béraud résumait ainsi les arguments de la Régie pour ne pas procéder à un appel d'offres : «On a des produits Microsoft, on aime Microsoft et on continue avec Microsoft...»

Un autre procès dont les implications vont sûrement avoir des impacts sur l'industrie des logiciels libres au Québec se tient cette semaine à Montréal. La Cour Supérieure du Québec ayant accepté d'entendre la cause de Savoir-faire Linux, une entreprises de logiciels libre conte la Régie des Rentes du Québec, le procès se poursuit vraisemblament jusqu'à la fin de la semaine, vendredi le 12 mars.

Voir aussi: « Le gouvernement du Québec, Microsoft et les logiciels libres »

mercredi 3 mars 2010

La Cour Suprême des États-Unis renverse une décision de la Cour d'appel de New York en faveur des pigistes

En mars 2009, la Cour suprême des E-U a accepté d'entendre l'appel porté par les propriétaires de bases de données en ligne et les éditeurs de journaux qui contestaient la plainte portée par les pigistes sur l'utilisation non autorisée du publications.

Hier, le 2 mars 2010, dans une décision unanime, la Cour Suprême des E-U invalide l'entente conclue en 2005 entre les fournisseur de bases de données, Elsevier's et LexisNexis ainsi que plusieurs grands propriétaires de journaux et d'éditeurs et les pigistes..

Suite à cette entente survenue en 2009, entente invalidée hier par la Cour Suprême, les pigistes auraient reçu une compensation de 18 millions dans un jugement de la Cour d'appel de New York concernant leur plainte pour l'utilisation non autorisée de leurs publications dans les journaux pour lesquels ils ont travaillé comme pigistespar les propriétaires de bases de données. Ils réclamaient un versement de compensation pour les citations de leurs écrits qui ont été repris par les fournisseurs de bases de données .

D'après Brent Kendall (Dow Jones Newswires; 202-862-9222; brent.kendall@dowjones.com.)dans le jugement rédigé par l'un des juges de la Cour Suprême, le juge Clarence Thomas, la Cour Suprême ne commente pas le bien fondé de l'entente. La décision ne dit pas non plus si le juge de la cour d'appel avait raison de prendre cause pour la plainte des pigistes concernant l'utilisation non autorisée de leur publications.

La partie défenderesse comprend le consortium de presse News Corporation qui détient les publications écrites et en ligne WS, NWSA, NWS.AU, l'éditeur en ligne Dow Jones & Co., des diffuseurs de nouvelles et de journaux dont Thomson Reuters Corp. et (TRI), New York Times Co. (New York Times), les fournisseurs de bases de données en ligne Reed Elsevier's (RUK, REL.LN) et LexisNexis.

Une brèche dans les droits d'auteur ou une ouverture plus large à l'accès aux ressources informationnelles dans le nouvel environnement numérique? Les avis sont partagés. Ce qui est certain, c'est que ce jugement de la Cour Suprême des É-U , fera jurisprudence et définira encore un peu mieux à l'avenir les droits de citations des oeuvres publiées et encadrera mieux les droit d'auteur de même que les droits d'utilisation des ressources informationnelles, commanditées ou non, par les organismes de communication et d'information.

à lire aussi : Supreme Court to Revisit a Case on Breach of Copyright
Supreme Court reinstates a settlement between Freelancers ans Publishers