jeudi 7 août 2008

Allocution de clôture par My Loan Duong - Congrès de l'Association Internationale Francophone des Bibliothécaires et Documentalistes et satellite IFLA

Le 4 août dernier, s’est tenu à Montréal, en satellite au Congrès de l’IFLA qui a eu lieu à Québec la semaine après, le 1er congrès international des bibliothécaires et documentaliste francophones sous les auspices de l’AIFBD (Association Internationale francophone des bibliothécaires et documentalistes) et de l’IFLA. Plus de 300 participants étaient présents, de provenance de 26 pays et états, parmi lesquels de grands noms et experts en sciences de l’information et en bibliothéconomie. Le président du Congrès et un des fondateurs de l’AIFBD est Réjean Savard que la plupart d’entre nous connaissent bien.

En clôture du congrès, avec un collègue bibliothécaire de l’Université Yale, Jeffry Larson*, j’ai eu l’occasion de présenter la conclusion et la synthèse du Congrès. Réjean Savard m’a adressée cette demande le lundi le 4 août, pour remplacer à pied levé un conférencier, retenu à la dernière minute. Je vous envoie ci-joint le texte intégral de cette conférence de clôture que j’ai prononcée mardi le 5 août.

L’objectif de cette organisation est de bâtir des réseaux entre bibliothécaires et documentalistes qui ont en commun le français pour échanger des idées et des expériences et pour mettre sur pied des projets de coopération, de partenariat et d’entraide entre gens du Nord et gens du Sud. Dans le contexte d’internationalisation de l’UdeM, de tels projets devraient être destinés à prendre de l’ampleur.

Trois de nos collègues de l’UdeM y ont participé et ont fait des interventions remarquées. Sur la thématique Réseautage; passé, présent, avenir , Catherine Bernier et Catherine Fortier, Bibliothèque des lettres et sciences humaines, avec Pascale Grenier de Bibliothèque et Archives nationales du Québec ont parlé d’une initiative porteuse intitulée le Programme d’échanges professionnels à l’intention des bibliothécaires et documentalistes francophones : Vice-Versa et Jacques Messier, Bibliothèque des lettres et sciences humaines, à propos du Patrimoine et des bibliothèques a fait état de la situation des bibliothèques des institutions religieuses au Québec dans son intervention Un patrimoine en péril?

Tous les textes des conférences de ce 1er Congrès de l’AIFBD seront publiés au cours des prochains mois.

Voici le texte de la conférence de clôture prononcée par Duong My Loan

Chers collègues, chers confrères et consoeurs,

Pour accueillir ce 1er congrès mondial de l’Association Internationale Francophone des Bibliothécaires Documentalistes quoi de mieux que la BAnQ, née de la fusion heureuse de la Bibliothèque nationale et des Archives nationales du Québec. La BAnQ, qui a ouvert ses portes en 2004 s’est démarquée dès les débuts par son dynamisme et son leadersip dans le milieu par son usage innovant des outils et des ressources technologiques modernes. Depuis, sans conteste, elle a réussi à se positionner, non seulement comme porte d’accès à la culture, au savoir et à l’information pour l’ensemble des Québécois mais aussi comme gardienne de la mémoire, de l’histoire et du patrimoine du Québec.

Cette grande réunion dans ce beau lieu, qui en lui-même est aussi une réussite architecturale, de bibliothécaires, documentalistes, archivistes francophones de plus de 20 pays a une résonnance particulière. Elle confirme la vitalité de la francophonie vieille de plusieurs siècles. La présence de L’AIFBD à Montréal cette semaine, et celle de l’IFla la semaine prochaine dans la ville de Québec, berceau de la nation québécoise est tout à fait bien indiquée. Ville multiethnique, multiculturelle par excellence, Montréal est la première métropole au Québec et au Canada, née des vagues successives d’immigrants qui, depuis presque 3 siècles l'ont bâtie. C’est la ville où vivent à côte à côte des gens venus de plus de 100 pays pour rebâtir ici leur avenir. Dans certaines écoles de quartier, on nous rappelle qu’il y a plus de 50 langues qui y sont parlées, de l’hindi au Khmer, au cantonnais, au laotien, au turc, au luo, dialecte du Kenya du père de celui dont on parle souvent de ces temps-ci et qui incarne aussi par son identité même la rencontre des mondes. À côté de ce bouillon de cultures, la belle ville de Québec, où se terminera cette grande rencontre avec la tenue du Congrès de l’Ifla qui regroupe cette fois des bibliothécaires de plus de 100 pays, qui fête cette année le 400 è anniversaire de sa fondation est l’image d’un autre Québec. C’est de là qu’est née la nation québécoise, francophone, envers et contre tous. Si le français, langue des royautés et de l'aristocratie depuis le Moyen âge, langue de l’élite et de la diplomatie longtemps par la suite, une des langues officielles de l’ONU, a toujours été considérée par ce fait comme la langue réservée à l’intelligentsia, au Québec, elle est d’abord et avant tout la langue du peuple. Et c’est parce qu’elle a été la langue du peuple qu’elle a survécu jusqu’à nos jours, grâce à une poignée d’irréductibles qui ont défriché ce vaste territoire au début du 17è siècle et y ont planté leurs racines. Grâce à eux, depuis, les générations se sont succédées et pour tous les nouveaux venus, le français est devenu la lingua franca qui leur permet de vivre et de travailler. Pour certains qui s'en sont bien appropriée, mieux encore, elle est devenue non seulement la langue de communication mais d’expression de leur identité.

Dans les années 70, à mon arrivée ici après plusieurs années en Europe, quand j’ai commencé au service du catalogage, le rêve de Paul Otlet de Henri Fontaine d’une bibliothèque universelle paraissait encore lointain. Le catalogue des bibliothèques de l’UdeM était encore sur fiches cartonnées. Mais le réseautage commençait, notammant au niveau de la mise en commun des services avec le catalogage collectif. je me souviens d’UTLAS, née dans la foulée des collaborations entre les universités canadiennes francophones et anglophones. Les microfiches sont arrivées dans les années 80 et le catalogue en ligne fut implanté dans les années 90. La version Web a suivi quelques années plus tard, au début des années 2000. Puis d’un coup, le Web 2.0 est arrivé, tout s’est accéléré et le rêve de la bibiothèque universelle de Paul Otlet est maintenant réalisable.

Depuis la dernière décennie, les bibliothèques universitaires du Québec sont fréquentées par une nouvelle génération d’étudiants qui arrive beaucoup mieux préparée à l’utilisation des outils technologiques que celle des années 90. Dans le nouvel écosystème documentaire, des suprématies commencent à s’effriter. La classification de la LC a -elle toujours sa place ? L’organisation actuelle des connaissances est–elle adéquate dans un monde où la notion de l’espace doit être tenue en compte comme l'ont préfiguré certains visionnaires ? Les outils collaboratifs sont apparus et avaec eux les nouvelles cohortes d'étudiants, plus proactives, plus autonomes technologiquement parlant qui s’attendent à ce que la bibliothèque leur offre des services et des ressources comme celles qui sont disponibles dans la plupart des grandes bibliothèques nord-américaines et canadiennes. Bref, le Web 2.0 est venu mêler les cartes et les a redistribuées aux usagers. Le réseautage a pris une toute autre dimension. La bibliothèque n’est plus seulement la place où l’usager va trouver ses ressources informationnelles, elle doit devenir le lieu d’échange d’informations, le point de rencontre et de dialogue avec des usagers qui réclament des outils efficaces pour alimenter la réflexion et créer du contenu en contribuant à l’intelligence collective.

Un autre volet du mandat du bibliothécaire a pris toute son importance: l’action culturelle. Dans cette foulée, pour développer les contacts et les partenariats, les bibliothécaires francophones ont plus que jamais sentis la nécessité de joindre leur efforts pour développer et enrichir leurs ressources de l’apport des uns et des autres. Les organisations francophones du milieu de la documentation et des sciences de l’information se regroupent afin de créer une synergie documentaire qui reflète les valeurs de la francophonie. Permettre le partage de connaissances et les bonnes pratiques dans le champ de la bibliothéconomie, de la documentation et des sciences de l’information et contribuer au développement et au ressourcement professionnels par une expérience pratique dans une autre organisation sont les valeurs qui guident les projets comme ceux Vice/Versa proposés par mes collègues Catherine Fortier, Catherine Bernier et Pascale Grenier. Un tel programme qui vise à promouvoir de mobilité professionnelle destiné aux bibliothécaires et documentalistes de la francophonie, existe déjà depuis plusieurs années pour les professionnels de la documentation du monde anglophone. Il permet d'étendre nos réseaux pour mettre en commnun l'expertise et le savoir. D’autres collègues ont parlé des expériences dans ce domaine, des projets porteurs d’un message de collaboration, de partage et d’entr'aide.

Alors que les frontières naturelles devenues poreuses rendent ces actions transversales plus faciles, la notion de fédération des ressources humaines comme matérielles fait son chemin permettant de diffuser des collections patrimoniales et donner l’accès à tous à leurs richesses et sortir de leur isolement les bibliothécaires des pays du sud pour que les gens du Nord et les gens du Sud puissent profiter du savoir des uns et des autres. La mise en commun des ressources par le numérique est aussi un impératif pour assurer leur pérennité et leur diffusion.

Car les bibliothèques en perdition ne sont pas le fait des pays du sud. Les outrages du temps ne sont pas les seules causes. L’incurie a sa part de responsabilité mais aussi l’absence de volonté politique, ou tout simplement les querelles de clocher. Et mon collègue Jacques Messier nous le rappelle dans sa conférence sur les bibliothèques des institutions religieuses au Québec menacées de disparition. Les histoires de juridiction, de politique et de bureaucratie entre entités, entre individus aussi, nous les connaissons tous, chacun de nous a son lot d’anecdotes à ce sujet. Les enjeux relatifs au passage du patrimoine bibliothéconomique religieux québécois vers le domaine public sont un exemple de certains aspects historiques, religieux, sociaux et juridiques associés à la vaste question de gestion de l'information et de propriété intellectuelle des ressources, patrimoniales ou institutionnelles. Par contre, il est possible, grâce à des partenariats fructueux et des actions communes de sauver ces patrimoines. L’expérience du réseau multilingue francophone pour le patrimoine juif, Rachel , que nous a relaté Jean-Claude Kuperminc de l’Alliance israélite universelle en témoigne.

Avec le Web 2.0, la relation avec l’usager passe plus que jamais par l’exploitation des contenus. La bibliothèque universitaire a perdu son rôle de centralité, les réseaux se forment aux gré des intérêts et des affinités. Éminemment démocratiques, les outils collaboratifs ont redonné aux usagers le pouvoir et les administrations sont parfois prises de court avec l’ouragan du numérique. Plus que jamais les initiatives personnelles peuvent changer la donne. Les SIGB libres appropriés par les usagers ou d’autres catégories de professionnels peuvent représenter des sources d’inquiétude pour la profession.

C'est pourquoi il y a lieu de s’inquiéter que le rôle de passeurs de culture des bibliothécaires soit menacé par d’autres professions, communicateurs, informaticiens, concepteurs de réseaux qui font des portails thématiques, qui mettent en ligne des répertoires, des bases de données etc…. Marielle de Miribel de l’Université de Paris 10 en a parlé dans sa conférence sur «Quelques difficultés en matière de leadership dans les bibliothèques». Pour répondre aux exigences du public, les bibliothécaires ont des défis technologiques à relever. Les communications des autres sessions ont montré les expériences réussies d’ici et d’ailleurs.

Pour finir, la création de l’AIFBD nous offre une tribune pour que les bibliothécaires francophones puissent trouver leur voix et leurs places dans l’univers documentaire. L’IFLA, rappelle d’ailleurs Marie-Claire Germanaud est née d’une initiative française. Dans un monde de plus en plus diversifié et complexe, pour tous aient leur place au soleil, pour refléter la pluralité et la diversité de notre monde, des gens du nord comme des gens du sud, l’AIFBD est là pour donner la résonnance à toutes les voix, à toutes les cultures qui s’expriment dans cette autre langue universelle qu’est le français. Chantal de Grandpré a parlé des écrivains issus de la francophonie dont les manuscrits et les écrits sont déposés à la Bibliothèque francophone multimédia de Limoges. Cela me fait penser à un jeune bibliothécaire chinois, récemment diplomé de l’EBSI, citoyen canadien. Il a récemment obtenu un visa de pour travailler de son pays natal (la double nationalité n’existe pas en Chine) comme directeur pour monter un centre de documentation pour l’Alliance française à Pékin . N’est ce pas cela la francophonie?

Merci et longue vie à la francophonie !

Par My Loan Duong, MLS, McGill,
Ce texte a été prononcée à la comférence de clôture du congrès, à 15 h 30 , le 5 août 2008, à la BAnQ
* Voir Jeffry Larson et l'Initiative de Collaboration entre les bibliothèques françaises et nord-américaines (ICBFN) connue aussi sous son nom anglophone: Collaborative Initiative for French and North-American Libraries - (http://bbsi2point0.blogspot.com/2008/08/initiative-de-collaboration-entre-les.html)

4 commentaires:

Anonyme a dit...
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