mercredi 26 mars 2008

Les logiciels libres : retard au Québec?

Pourquoi la fonction publique et para-publique québécoise se prive-t-elle des millions d'économie en continuant à utiliser les logiciels de Microsoft alors que les logiciels libres sont gratuits? C'est la question que Cyrille Béraud, le patron Savoir-Faire Linux vient d'envoyer à la Cour supérieure dans une requête en jugement déclaratoire contre la Régie des rentes du Québec suite à la décision de la société d'État de renouveler en décembre 2007, sans appel d'offre, les licences des systèmes d'exploitation de ses postes informatiques. Le patron de la société montréalaise ayant pignon sur rue à St-Urbain a décidé de porter l'affaire devant les tribunaux, invoquant le principe que «le marché doit être ouvert à tous, de manière transparente et équitable» et que « la réglementation et la politique sur les marchés publics n’ont pas été respectées ». Dans le communiqué daté du 16 mars 2006 émis sur son site , la société Linux ajoute que «l’accès aux marchés publics est la règle alors que l’attribution de contrat sans appel d’offre est l'exception » , et que «les solutions et les propositions déposées doivent être évaluées objectivement à partir de critères reconnus et acceptés de tous». Les administrateurs de la Régie des rentes se défendent en disant qu'il s'agit ici d'une simple «mise à jour» mais non de remplacement de logiciels ou de fournisseurs. La Régie des rentes a décidé de maintenir la solution Microsoft, «parce que ses fonctionnaires sont plus familers avec le système». Cette «mise à jour» , qui coûtera 700 0000 $ aux contribuables québécois, vise à passer du système Window 2000 au nouveau système d'opération Vista. Or selon Linux, le nouveau système d'exploitation de MSN est complètement différent du précédent. Le patron de Linux indique que malgré plusieurs représentations de sa compagnie, la Régie des rentes n'a pas voulu réconsidérer de maintenir « sa décision de procéder au renouvellement de ses logiciels sans appel d’offres». D face à ce refus, M. Béraud a donc décidé de s'adresser aux tribunaux pour trancher la question.

Denis Lessard dans la Presse du samedi 15 mars, section A8 indique que certains pays d'Europe ont sorti Microsoft depuis longtemps des officines publiques pour les utiliser les logiciels libres comme systèmes d'opération. Après le Brésil où les « compagnies doivent proposer des solutions compatibles avec les logiciels libres » pour répondre aux appels d'offre, l'Europe a embarqué aussi. Par exemple, aux Pays-Bas, les logiciels libres sont désormais utilisés sur les postes de travail du gouvernement et en France, 100 000 postes de la gendarmerie sont «passés à ce type de logiciels». Depuis 2006, les lycées dans plusieurs régions françaises ont suivi l'exemple de la Bretagne qui a décidé d’équiper les 4 750 ordinateurs du parc informatique renouvellé en 2006, abandonnant l'Open Office de Microsoft installé sur les postes depuis 2003, pour passer à la «vitesse supérieure avec l’installation de l'intégralité des logiciels du CD Free Eos sur ces nouveaux postes. Ce CD, qui fonctionne sous Windows, compile plusieurs logiciels en différents secteurs (bureautique, graphisme, internet...) dont OpenOffice.org, Mozilla, Gimp, FileZilla, Dia, Audacity, Blender, Abiword, PuTTY». Denis Lessard ajoute que 400 000 fonctionnaires français ont déjà basculé vers ce type de logiciels, économisant des millions d'euros à l'état français.

Parlant de la poursuite de Linux, Denis Lessard conclut: «Un tel recours est une première en Amérique du Nord, mais est déjà apparu dans d'autres pays d'Europe, notamment. Sortir Microsoft des bureaux gouvernementaux créerait des milliers d'emplois car les firmes locales d'informatique, ayant accès au code informatique de ces logiciels «ouverts», pourraient offrir des services impossibles sur les systèmes fermés «propriétaires» de Microsoft». Nul doute que dans le cas où le jugement donnerait raison à Linux, la décision aura un impact majeur sur le paysage informatique québécois dans les secteurs public et para public . Dossier à suivre.