lundi 21 janvier 2008

Des gestes «fédérateurs» : la Bibliothèque Royale de Belgique au service de la fédération belge

Quand politique et culture s'unissent pour l'unité nationale. Dans un ensemble de gestes fédérateurs dont le but «réveiller la belle endormie», le nouveau directeur général de la Bibliothèque Royale de Belgique veut mettre la culture au service de l'unité nationale et propose un plan stratégique pour « faire en sorte que les Belges soient fiers de leur bibliothèque».

Dans le contexte où l'unité belge est menacée plus que jamais par les querelles entre les deux grandes communautés francophone et néerlandophone, pour Patrick Lefèvre, historien renommé, arrivé à la tête de cette institution il y a deux ans après avoir été directeur de la bibliothèque de l'Armée, la ligne de conduite est de « rester [...] équitables à l'égard de chacune des communautés dont nous gérons fédéralement l'héritage culturel commun». De là vient le fondement de sa mission: celle de faire en sorte que cette prestigieuse bibliothèque de plus de cinq millions de titres imprimés et de plus de un millions de musique, d'estampes et de dessins, dont les collections somptueuses, parmi les plus connues au monde, qui sont déjà un facteur de rayonnement par la richesse de ses fonds deviennent aussi un facteur d'unité pour toute la nation belge.

Dans le cadre de cette stratégie, le directeur propose une série d'actions visant à renforcer l'image de la Bibliothèque comme dépositaire du patrimoine commun de tous les Belges concrétisées sous forme de programmes de grandes expositions pour mettre en valeur les fonds, ou de création de nouveaux espaces comme l'aménagement d'un jardin à l' intérieur de la bibliothèque, de l'ouverture d'un musée du livre, de l'agrandissement des salles de consultation. En n'oubliant pas les initiatives visant à promouvoir le sentiment d'unité nationale, par exemple cette initiative d'agrémenter les casiers des lecteurs de portraits d'écrivains des deux communautés, façon symbolique de stimuler la coopération aussi entre les équipes flamande et francophone et de faire travailler ensemble tout ce beau monde, qui jusqu'ici oeuvrait chacun de leur bord, «sans concertation et avec une certaine rivalité». Ouvrir la BR à un plus grand nombre d'usagers figure parmi les décisions visant à promouvoir cette vision, comme celle de permettre au public d'accéder aux «chambres hautes» de lecture, c'est à dire aux espaces jusqu'ici réservés aux chercheurs (à l'élite) qui, de surcroît, pouvaient faire garder sur les tables des documents pendant plusieurs jours. Évidemment, l'implantation de la bibliothèque virtuelle est dans les cartons. En attendant la mise en place d'une bibliothèque numérique nationale, la BR participe activement à la construction de la future bibliothèque numérique francophone dans le contexte des grands travaux du chantier numérique européen puisque c'est à Bruxelles que se sont réunis en septembre 2007 les responsables des bibliothèques nationales de langue française.
Le budget annuel total de la BR est de 12 millions d'euros et d'un effectif de 300 personnes , réparti également entre Flamands et francophones. La bibliothèque est ouverte 58 heures par semaine.

Source: Livres de France, janvier 2008, p.22

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